Soins aux camellias

Avant de choisir

Commencez par faire le tour de votre quartier pour voir s'il y a des camellias dans les jardins voisins, c'est un bon indicateur. S'ils sont grands (plusieurs mètres), c'est très bon signe.
Choisissez un camellia lorsqu'il est en fleurs, soit pour les sasanqua à l'automne, soit pour les japonica et hybrides de fin janvier jusqu'à avril. N'hésitez pas à faire des visites régulières à votre pépinière pour comparer les différents cultivars. Tous ne fleurissent pas en même temps. Ainsi, vous pourrez juger de la couleur des fleurs, de leur taille et de leur forme. Car il y a une infinité de combinaisons et le choix est délicat et très personnel. Achetez plutôt un sujet en boutons, vous pourrez profiter d'une première floraison. Rien de plus frustrant qu'un camellia qui ne fleurit pas après son achat. Soupesez toujours la plante. Elle doit être lourde par rapport à sa taille. Sinon, laissez-la de côté, elle a peu de chances de reprise. Entre deux arbustes dans un container de même diamètre, prenez le moins grand, son système racinaire par rapport à sa taille et à celle de son pot est plus équilibré, c'est un atout supplémentaire.

Pour choisir

La première question à vous  poser est la suivante : quel emplacement lui donner ?

Le nord-ouest est le plus conseillé pour les japonica et les hybrides.

Il faut éviter impérativement le soleil du matin, surtout les jours de gel. Le camellia aime la douceur et craint les brusques changements de température. Une gelée matinale et un brusque réchauffement par les rayons du soleil et vous pouvez voir tomber tous ses boutons. Par contre, il lui faut un peu de soleil dans la journée, en évitant les heures les plus chaudes. Le camellia aime l'ombre, surtout celle des arbres alentour. Il aime bien aussi la compagnie d'autres camellias, vous pouvez composer des massifs et des haies. Leur croissance varie d'un cultivar à l'autre, ainsi qu'en fonction des conditions de culture. N'hésitez-pas à en jouer pour l'installer au jardin. Composez  avec l'ombre portée, c'est à dire celle des arbustes ou arbres de vos voisins.  Vous pouvez ainsi déroger à la règle de base, tout en gardant en tête qu'il faut une situation suffisamment ombrée et abritée des courants d'air.

Les sasanqua aiment un peu plus le soleil, c'est à affiner en fonction de votre région. Ils supportent mieux la sécheresse, ont moins besoin d'eau, mais peuvent être plus sensibles au froid de l'hiver. Leur croissance peut être tout à fait exubérante. La floraison est très longue, très abondante et souvent parfumée (jasmin).

Plus rares sont les botaniques (C. vernalis), et les Higo, pourtant très résistants au gel, mais aux fleurs très particulières ('Akatsuki-no-kaori') :

C. Vernalis
C. Vernalis
'Akatsuki-no-kaori'
'Akatsuki-no-kaori'

Sur la côte atlantique française, le climat est idéal, humide et doux. Plus on rentre dans les terres avec des hivers de plus en plus marqués, plus il faut une situation à l'abri du vent ou le cultiver en pot. Dans le sud de la France, l'ombre est impérative. 
Il faut aussi savoir qu'il existe des variétés dont la croissance est plus ou moins rapide. Certains très lents, ne prennent qu'une dizaine de centimètres par an. D'autres poussent d'une quarantaine de centimètres sur la même période, d'où l'intérêt de prendre un sujet jeune (4 ou 5 ans ) et de le former. Certains hybrides sont donnés pour une croissance d'un mètre par an. Mais tout cela varie d'un jardin à l'autre, en fonction du climat propre à chacun et des soins qui leur sont donnés.

Certains ont un port très lâche et peuvent se palisser (ex 'Donation'), d'autres sont plus rigides et se tiennent bien en massif (ex : 'Adolphe Audusson') ou en pot (ex : 'Coquettii').

Il reste la ou les couleurs, la taille et la forme des fleurs, à vous de choisir... sachez que les japonica sont majoritairement cultivés, qu'ils offrent la plus grande variété de couleurs, de tailles et de formes de fleurs.  Pour vous aider, reportez-vous à notre glossaire.
Si vous souhaitez planter plusieurs camellias, vous pouvez choisir des variétés à floraison échelonnée. Mais sachez, qu'entre la période inscrite sur l'étiquette et celle où il fleurira dans votre jardin, il peut y avoir des écarts, plus ou moins importants. Cela dépend de la rudesse de l'hiver et du climat de votre jardin. Et cela peut varier d'une année à l'autre.

En résumé et pour vous aider :
- en pot : croissance lente et port compact
- en haie : croissance rapide et port compact
- à palisser : croissance rapide et port retombant


Plantation

Les racines du camellia sont superficielles. Il faut donc creuser un trou plus large que profond. Inutile de le tapisser d'un feutre. Cela équivaut à le mettre en pot sans jamais le rempoter. Tout ou tard, il étouffera... Soit votre camellia se plait dans votre jardin, soit il faut le mettre en pot. S'il ne se plait pas, vous serez fixé très vite : il se desséchera, les feuilles paliront et tomberont. Si vous constatez que votre camellia n'est pas à son aise, n'hésitez pas à lui chercher une autre place... 'Gay Time' a été dans notre jardin "un grand voyageur", tantôt en terre, puis en pot et de nouveau en terre.



En général, faites vos plantations au printemps. On a passé l'hiver et le camellia a tout le printemps et l'été pour s'installer. Pour les sasanqua, faites-leur passer l'hiver dans un pot, que vous rentrerez à l'abri s'il gèle. Pour les autres, attendez fin mars, sauf si vous êtes dans une région où les gelées sont très rares. On peut planter un camellia en fleurs, c'est même  la meilleure période pour le faire, celle où l'activité racinaire est à son minimum, la reprise est alors meilleure.
En général, il est bon d'utiliser un mélange vraie terre de bruyère/terreau, à parts égales. Si vous en avez la possibilité, un terreau acide très aéré (les racines s'installeront mieux) est idéal. La motte doit être au niveau de la terre du jardin. Ne tassez pas trop, il vaut mieux compléter à l'usage et laissez aux racines de l'espace pour se développer. Ensuite, je paille avec de l'écorce de pin, ou mieux, des feuilles mortes (c'est de la nourriture supplémentaire). Le terreau ne doit jamais sécher. N'hésitez pas à pailler largement autour de l'arbuste, les racines s'étalent et restent superficielles.

Engrais

Il faut être prudent avec les engrais. Trop d'engrais et la plante meurt, surtout en pot. Il faut en mettre une fois par an, juste après la floraison. J'essaye un peu tous les engrais, pour me faire une idée. J'ai commencé par un engrais avec traitement anti-chlorose associé, car mon eau d'arrosage est calcaire. Puis j'ai testé un engrais à diffusion lente et enfin de la corne broyée. C'est  à vous de choisir, selon vos préférences. Mais optez  toujours un engrais adapté aux camellias et il vaut mieux en mettre peu. Par contre, l'engrais est nécessaire à une belle floraison. En fonction de l'engrais utilisé, celle-ci peut prendre des couleurs différentes, par exemple 'Adolphe Audusson' fait des fleurs plus ou moins rouge vif. si j'utilise un engrais à diffusion lente ou un engrais plus classique.

Arrosage

Le camellia aime l'humidité. Son pied soit rester au frais, mais ne doit pas être noyé. S'il se noie, il perd ses feuilles. Dans ce cas, réduisez l'arrosage, et s'il est en pot, vérifiez le drainage. L'été, quand l'air est chaud et sec, douchez-les le soir. On dit toujours qu'il faut une eau non calcaire. Tout dépend de la dureté de l'eau et de la fréquence des arrosages. Vous n'allez pas arroser tous les jours, laissez  faire la nature et complétez. Donc, une eau peu calcaire n'est pas un obstacle. L'arrosage (en pluie) doit être régulier toute la période de maturation des boutons, soit d'une floraison à l'autre. Soyez très vigilants au printemps, mais surtout en été et encore à l'automne. Sans cela, la floraison sera de moindre qualité : les fleurs ne tiendront pas comme elles auraient du le faire. Elles chutent très rapidement, ce qui est anormal.

Surveillez bien le pied. Un camellia peut vite mourir de soif. Si le terreau est sec, par manque d'arrosage, il faut la réhumidifier très lentement, un peu comme on imbiberait une éponge. Sinon, ce "choc hydrique" peut faire tomber les boutons et les feuilles. J'ai pris pour habitude, en été, d'utiliser un cône poreux et une bouteille en guise d'arrosage. Cette technique au goutte à goutte leur est très bénéfique. Ils se développent beaucoup quand ils sont abreuvés de la sorte et je peux partir en vacances tranquille.

La taille

C'est un vaste sujet. La taille n'est pas obligatoire, mais je la recommande vivement, même pour les sujets à croissance lente. On dit que la taille favorise une belle floraison, je pense qu'un bon engrais le fait aussi. L'un ne va pas sans l'autre. Plus un camellia vieillit, plus il fleurit si vous le soignez bien. Si taille il y a, elle doit être faite impérativement à la fin de la floraison ou si l'arbuste est déjà bien développé, au fur et à mesure de la floraison (pour faire des bouquets par exemple). Vous trouverez plus de détail sur cette page.
Les vieux sujets se taillent aussi, témoin la photo ci-dessous, qui montre les camellias centenaires du Domaine de Trévarez.



L'hiver

Il faut bien protéger le pied. Par contre, bannissez le voile d'hivernage. Vous pouvez  faire une "tente" exceptionnellement à ceux en pot et que vous ne pouvez rentrer. C'est valable si la température tombe en dessous de -5°. C'est une mesure exceptionnelle, ponctuelle. J'ai perdu deux de mes premiers camellias à cause du voile d'hivernage... Le camellia est un arbre et il vit très bien dehors, l'expérience le prouve, d'autant plus quand il vieillit. Soyez vigilant le premier hiver, d'où la précaution de le planter à la fin de celui-ci, quand tout risque de grand gel et dégel est écarté. Quand il neige, secouez  la neige quand elle est légère. Si elle durcit et gèle, ne faites rien, plutôt que de faire vous-même tomber les boutons en essayant de l'ôter. Je connais des camellias de plusieurs mètres de haut, qui voient la neige tous les hivers, sans protection. Ils le vivent très bien ainsi et fleurissent abondamment le temps venu.

Le délicat sujet de la rusticité

A mes yeux, il y a deux rusticités. Celle de la plante en elle-même et celle des boutons. C'est la première que j'indique parfois sur les fiches de la nomenclature. Mais il ne faut pas la prendre au pied de la lettre. C'est pourquoi je reste très prudente sur le sujet. Il vaut mieux raisonner en fonction de votre région et de votre climat. Le nombre des jours de gel et de neige ainsi que leur intensité sont à mes yeux plus importants.

Un camellia bien installé au jardin, en pleine terre, peut supporter certains gels prononcés et courts (ex 'Gay Time', 'Cinnamon Cindy' ,très rustiques de nature). Ces deux camellias ont une rusticité assez exceptionnelle ( -27°).  On peut aussi citer les Higos, naturellement très rustiques et les obtentions belges (adaptées au climat plus rigoureux de la Belgique). Il  aussi des obtentions américaines très résistantes au froid (ex : 'Winter's Joy'). Ci-contre, 'General Colletti', un japonica d'origine italienne.
La seconde rusticité, celle qui à mes yeux est la plus importante, c'est celle des boutons. J'ai vu un hiver des boutons supporter un gel de -10° et un dégel lent (un dégel rapide peut-être catastrophique) et fleurir car leur maturité était peu avancée. Par contre, 'Gay Time' qui était presque en fleurs à ce moment, a vu ses fleurs toutes piquées et trouées. C'est pourquoi on ne peut recommander de cultiver en pleine terre des camellias, de surcroit précoces, dans des régions où le gel est long et rigoureux. Dans ce cas, le pot est nécessaire, ainsi que la possibilité de les rentrer hors-gel pendant les périodes difficiles. En cas de doute, on peut d'abord tester l'exposition en laissant le camellia en pot et, si tout va bien, le remettre en pleine terre. Si votre climat est un peu rigoureux et que vous tenez  à cultiver un camellia en terre, choisissez un cultivar tardif, les boutons risqueront moins d'être endommagés par le gel.
'General Colleti'
'General Colleti'

Cherchez une exposition très abritée, c'est un facteur très important.Tous mes de camellias sont très abrités, cela fait une énorme différence pour ceux qui sont en terre. Je rentre ceux qui sont en pot quand il fait trop froid. Un garage hors gel suffit et je les ressors dès que la température est acceptable.


Le cas particulier du camellia en pot

Contrairement à ce que l'on dit souvent, le camellia se cultive tout à fait bien en pot. Il faut choisir une variété à pousse lente. Puis, soit on opte pour un sujet déjà grand (7 ans par exemple) qui sera tout de suite très en valeur, soit pour un petit de quatre ans, qu'on aura plaisir à former. La taille idéale d'un pot doit être de 50 cm maxi de hauteur et autant de profondeur. A l'achat, rempotez-le dans un pot d'un diamètre plus grand de deux centimètres que celui de son container. Tant qu'il n'a pas atteint la taille maximum du pot, rempotez-le tous les ans dans un pot de deux centimètres plus grand, à la condition que les racines aient conquis tout l'espace disponible.
L'idéal est un pot en en terre cuite. Evitez les formes arrondies. Quand les racines occupent tout l'espace, il faut casser le pot pour sortir le camellia. On déconseille les pots en plastique car les racines peuvent chauffer. Je serais plus nuancée. Dans des régions au climat plus chaud (sud-ouest, midi de la France), il vaut mieux préférer la terre cuite. On fera le même choix  pour un camellia qui vit sur une terrasse et qu'on ne déplace pas. Chez moi, à part les plants très jeunes et les semis encore petits, ils sont tous dans des pots plastiques, c'est plus facile à véhiculer l'hiver et ils ne souffrent pas de la chaleur, même sur la terrasse. S'il fait vraiment trop chaud, j'ai toujours la possibilité de les mettre à l'ombre.

Une fois la taille maximum de pot atteinte, tous les ans au printemps, il faut sortir le camellia de son pot et ôter cinq centimètres de racines en épaisseur et sur la hauteur. Rempotez avec un substrat neuf. A l'automne, je surface avec du terreau "neuf". Il est bon de vérifier, tous les ans, au printemps, le bon état des racines et l'encombrement du pot. Certains jeunes sujets nécessitent un rempotage tous les deux ans, un simple surfaçage suffit alors. Si la croissance est vraiment très rapide, on peut être amené à rempoter au printemps et à l'automne, à chaque fois dans un pot légèrement plus grand.
Je les installe dans le même mélange vu plus haut. Puis, je paille et je veille à l'arrosage. Il faut particulièrement surveiller le drainage et ne pas laisser l'eau stagner dans la soucoupe. Attention, un pot peut mal drainer. On voit l'eau s'écouler, mais au fond, il se crée une espèce de "pâtée" qui fait pourrir les racines. Si les feuilles tombent en trop grand nombre et jaunissent, vérifiez rapidement le drainage. Vous pourriez perdre très vite le camellia. N'oubliez pas non plus de les arroser l'hiver, en quantité moindre, mais hors période de grand gel, bien évidemment.

Il faut par contre être parcimonieux sur la quantité d'engrais utilisée, car en pot, il peut facilement brûler les racines. On recommande d'utiliser des engrais à diffusion lente, tout à fait adaptés à ce type de culture particulière. A la plantation, inutile de mettre de l'engrais, attendez le printemps suivant.

Conclusion

Voici le signe (photo ci-contre), d'une longue et belle floraison à venir. Les boutons sont nombreux et de tailles différentes.

En résumé, choisissez un emplacement abrité et ombragé, puis un usage, un port et une couleur. Vous pouvez vous aider de notre fonction de recherche. Surveillez bien l'arrosage, donnez un peu d'engrais au printemps, ne le couvrez pas l'hiver et laissez-le tranquille... les camellias poussent beaucoup mieux ainsi !